La légende de Larry Hoover : le récit poignant d’un afro-américain sur la Guerre du Vietnam

Auteur:   Alan Alfredo Geday

Auto-Edition

Genre : Historique

Lecture Agréable

Sous le pont de Brooklyn, c’est le lieu de l’interdit. C’est aussi le lieu où l’on discute de la fausse démocratie. Le lieu des complots, des menaces, des espoirs et des secrets. Le lieu des gens de rien qui veulent faire changer le cours des choses. Des gens en colère ou en perdition. Les réunions, on les fait en cachette, parfois même à la sauvette lorsque l’on entend une sirène qui approche. Les policiers font la ronde et embarquent quelquefois des ennemis de l’ordre social, ou tout du moins des noirs qui restent trop tard hors du ghetto et qui se rassemblent autour d’un baril. Personne ne sait ce qui s’est déroulé par le passé sous le pont de Brooklyn. Il y a bien des légendes et des rumeurs, mais seule l’East River connaît la vérité. C’est l’histoire des bas-fonds qui se chante dans le frémissement de l’eau.

Après une longue semaine pleine de fausses joies et d’un petit sentiment de trop-plein, je n’étais que trop heureuse de retrouver la lecture avec un genre que j’affectionne vraiment, même si j’en parle au final assez peu sur le blog : l’Historique. J’aime beaucoup revisiter les périodes historiques de notre Histoire à travers des ouvrages romancés ou simplement d’un nouveau point de vue que celui présenté à l’école. Lors de ma licence, j’avais ainsi pu découvrir tout un panel de romans sur la Seconde Guerre Mondiale du point de vue des Afro-Américains ou des soldats d’Amérique du Sud, des choses que je n’avais encore jamais lu auparavant. Et ce week-end, j’ai pu me plonger dans « La Légende de Larry Hoover »…

«New York, 1958.»

Le roman est divisé en quatre parties. La première est sur l’enfance du héros, sur qui il est et comment il a grandit. On découvre alors Larry quand il est jeune et vit encore à Harlem avec sa mère et sa petite soeur, Anita. On apprend que Larry a quitté l’école deux ans avant le début du roman mais n’a pas encore de travail, ce qui inquiète sa mère et passe ses journées avec son ami Jimmy à parler des avancées de soldats américains au Vietnam. Il rencontre par la suite Robert T. Cunningham, un homme blanc et riche qui milite pour les droits des noirs (ce qui est, à cette époque, plutôt rare) et qui lui offre un livre, Black Boy. Un livre qui changera notre héro d’ailleurs et qui lui permettra de ne plus se méfier de Robert T. Cunningham comme il le faisait.

Dans la partie II, c’est ses débuts au Vietnam. Ainsi donc, le voici enrôlé dans l’armée américaine, appelé à faire la fierté de sa nation. Alors commence les récits de guerre, les récits du Vietnam et notre héro qui va braver les dangers pour essayer de revenir au pays. Il est accompagné de son frère, Mike. Les deux sont dans la même compagnie et les deux souhaitent revenir au pays, surtout que Mike est fiancé à une jeune femme (que Larry apprécie grandement également). C’est une partie que j’ai aimé parce que tout y est décrit avec un language très cru, au final. Pas de chichi, pas d’embellissement, pas de fioritures, juste la guerre, notre héros et des soldats qui se font canarder en permanence, ou presque. La justesse du récit est incroyable et cette partie est de loin ma préférée du roman. La plume y est fluide, les descriptions sont précises et concises et l’action est très bien écrite et rythmée, à mon sens?

Puis vient la partie III. Je dois dire que la description du syndrome de PTSD de Larry est incroyablement juste, belle et forte. Je pense qu’au final, c’est ce que j’apprécie le plus dans ce roman, c’est que le héros souffre en plein jour, pas seulement quand il est à l’abri du regards des autres. Il hésite entre la voix « facile » (mettre fin à ses jours) ou la « difficile », qui est d’accepter que les morts ne reviendront pas, que ceux qu’il a tuer, il l’a fait pour se défendre et que s’il veut que sa vie retrouve un sens, il doit persévérer, au-delà de la douleur et du vide permanent qu’il ressent. Bien sûr, c’est à ce moment qu’on aborde l’histoire des « Black Tigers ». C’est l’occasion parfaite pour Larry de retrouver les combats d’une nouvelle manière et de retrouver un sens à sa vie de soldat qu’il ne parvenait plus à concilier avec sa vie de civil. Et tout cela nous emmène à la partie IV, autrement nommée « La Vérité ». Je n’en parlerai pas parce que ça serait spoiler le roman, mais la fin de ce livre vous frappe avec (encore une fois) une grande justesse et c’est criant de vérité.

«Cette nuit est comme un caillou blanc sur cette sombre histoire. »

Que dire, hormis « wow ». J’ai vraiment découvert un univers, une face de l’Histoire mais plus que cela, un auteur. J’ai découvert Alan Alfredo Geday en même temps que Larry Hoover. C’est un roman incroyable, juste et très fort sur l’Histoire des Afro-Américains de la guerre du Vietnam jusqu’aux actes de Martin Luther King. Avec une fin ni heureuse, ni malheureuse, mais simplement en accord avec le ton du récit et l’Histoire telle que nous la connaissons. Je ne peux que vous recommander grandement la lecture de ce roman et vous en ressortirez aussi changé que Larry après sa lecture de Black Boy.

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6 commentaire

  1. Ce roman a l’air passionnant! J’aime beaucoup l’idée des 4 parties avec des sauts dans le temps!

    1. De même ! Après, les sauts dans le temps sont assez court, je ne détaille juste pas tout non plus, il faut donner envie de lire le livre !

  2. Les tests de Stéphanie

    Sa serait un livre qui pourrait me plaire

  3. Le résumé me donne envie !
    J’adore quand il y a des sauts dans le temps comme ça 🙂

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