Cette semaine, j’ai décidé de renouer avec une de mes passions : les équidés. Pour être plus précise, les chevaux. Oui, il fut un temps où je pratiquais l’équitation de façon assez régulière, avant d’arrêter (manque de temps et d’envie, majoritairement). Comme tous les passionnés (je pense ?), j’ai passé des heures carrées devant « Grand Galop » ou « Horseland » étant plus jeune (les souvenirs remontent ?). En grandissant et en découvrant la littérature fantasy, j’ai eu le plaisir de découvrir énormément de créatures liées au monde de l’équitation : pégase, les licornes et plus tard, les Kelpie. Le Kelpie est l’une des créatures les plus redoutées de toute l’Écosse. A tel point qu’il existe une statue de Kelpie dans l’axe le plus touristique du pays !
Cette bête surnaturelle, connue pour hanter les lacs et les rivières, aimait aussi prendre la forme d’un cheval paisible, pour mieux attirer ses victimes, avant de les dévorer dans son antre. Sous un ponton du Loch Lomond, les habitants savaient que c’était le territoire d’un kelpie. Parfois, on pouvait l’entendre crier. Un son si terrifiant que tout le monde s’accordait à dire qu’il se comparait aux cris des chiens de l’enfer.
Un jour, Douglas Buchin, un fermier du village poussé par la cupidité, a vu un cheval noir errer au bord du Loch. Soupçonnant la vraie nature de l’animal, il se garda bien de le monter, sinon il finirait au fond de la rivière. Le seul moyen de le dominer était de lui donner une bride. Discrètement, il s’est approché et avant que le faux cheval ne puisse réagir, il lui a attrapé le museau et a fixé la bride. Les dés ont été jetés. Le kelpie était prisonnier. Si un kelpie libre pouvait faire preuve d’une force surhumaine, c’était aussi le cas lorsqu’il était en servitude. Une aubaine pour l’agriculteur ambitieux, qui voulait construire un beau manoir à la place de sa maison, plus beau que tous ceux du comté. Attelé pour tirer de lourdes charges, le cheval servait à construire l’œuvre incommensurable. Pour garder un ouvrier aussi efficace, Douglas Buchin avait donné des instructions.
A aucun moment et en aucun cas la bride du cheval ne doit être lâchée. Tout s’est bien passé pendant de nombreuses années, au point que le kelpie est apparu à tous comme un animal de compagnie. Un jour, l’un des jeunes ouvriers de la ferme s’est rendu au paddock et s’est lié d’amitié avec l’animal. Il faut dire que le cheval n’a pas hésité à lui lancer des regards invitant à la pitié. Pour permettre au cheval noir de bien manger, il desserra sa bride. Quelle mauvaise décision. Immédiatement libéré, le kelpie émit un rire démoniaque et prononça le juron suivant. Toutes les pierres qu’il avait apportées reviendraient à la terre, et rien ne pourrait jamais y être construit. À peine dit que c’était fait. Le manoir s’effondre et il n’en reste aucune trace, au grand désespoir de Douglas Buchin. Étant un peu trop prétentieux, il n’avait réussi qu’à être malheureux.
Le kelpie est une créature métamorphe mentionnée dans plusieurs mythes et légendes issus du folklore écossais et irlandais, souvent vu comme fée (fairy en anglais). Il possède des caractéristiques chevalines, aquatiques et humanoïdes à la fois, et vit généralement dans les eaux courantes, comme les rivières, et plus rarement dans les lochs. Il a souvent été décrit comme apparaissant sous forme de cheval, mais serait en mesure d’adopter n’importe quelle forme humaine. Ce gardien des lacs capable de changer de forme dans de noirs desseins rappelle énormément les Limnades dont sa légende est probablement dérivée. Les histoires au sujet des kelpies rapportent que certains d’entre eux sont réputés très dangereux par leur habitude de séduire les humains pour les pousser à les chevaucher et ensuite les noyer, voire les dévorer, mais aussi qu’il est possible de les capturer en leur passant une bride et en les éloignant durablement de l’eau. Le kelpie est le plus connu parmi un vaste légendarium de chevaux d’eau, mais aussi l’un des esprits écossais des eaux les plus fréquemment mentionnés. Son nom est parfois donné à tous les chevaux aquatiques de légende.
Un conte écossais daté de la fin de la période mystique raconte comment un kelpie ne parvint pas à rejoindre Tír na nÓg avec ses semblables. Il cherchait son chemin quand, dressé au-dessus de l’eau, il vit une superbe jeune femme et en tomba éperdument amoureux. Il lui fit la cour sous sa forme humaine mais la jeune femme était intelligente et consulta les devins au sujet de cet étrange courtisan. Le kelpie fut alors capturé et forcé à travailler dans le but d’apprendre la compassion. Sa leçon apprise, on lui offrit le choix, soit de repartir vers Tír na nÓg, soit de boire une potion magique qui ferait de lui un homme véritable pour toujours. Le kelpie, toujours amoureux de la jeune femme, décida de boire la potion qui effaça instantanément les souvenirs de sa vie de kelpie et lui donna la chance de vivre avec la femme qu’il avait choisie.
J’adore cette créature ! Tu as lu The Ancient Magus Bride ? Il y a beaucoup de créatures inspirées du folklore écossais et anglais, dont le kelpie. Ce que j’aime avec ces occurrences fantastiques, c’est qu’elles mélangent le merveilleux et l’horreur à la perfection. Je suis moi-même bretonne (de Muel, proche de la forêt de Paimpont) et les korrigans font mon bonheur. N’oubliez pas de laisser du lait à vos fenêtres pour le petit peuple !
Pas du tout, mais je l’ajoute de ce pas dans ma liste de livre à acheter !