Parce que tout n’est pas rose en Corée du Sud : About Kim So Hee

Le 27 Mars 2023, j’ai eu la chance d’assister à une séance en avant-première du film « About Kim SoHee » de July Jung avec une amie, en présence de la réalisatrice, qui plus est. Ce film a été le film de clôture de la Semaine Internationale de la Critique au Festival de Cannes 2022 et est sorti le 5 Avril 2023 dans les salles françaises. J’avais déjà pu vous dire à quel point ce film m’a bouleversé sur Instagram, mais je pense qu’il mérite un article dédié pour que je puisse vous en parler plus en détails.
Si vous ne l’avez pas vu, ne lisez pas l’article en entier, il y aura des spoilers !

Synopsis : Kim Sohee est une lycéenne au caractère bien trempé. Pour son stage de fin d’étude, elle intègre un centre d’appel de Korea Telecom.

En quelques mois, son moral décline sous le poids de conditions de travail dégradantes et d’objectifs de plus en plus difficiles à tenir.

Une suite d’événements suspects survenus au sein de l’entreprise éveille l’attention des autorités locales. En charge de l’enquête, l’inspectrice Yoo-jin est profondément ébranlée par ce qu’elle découvre. Seule, elle remet en cause le système.

L’intrigue

Comme l’indique le synopsis, le film suit donc la jeune Kim Sohee, qui doit réaliser un stage d’insertion professionnelle dans une entreprise de télécom, via son école. On découvre donc l’environnement de la jeune étudiante, allant de ses parents, à ses amis, en passant par des hobby, tel que la danse. Plus le film avance, plus le moral de la jeune femme décline face à ses conditions de travail et les épreuves qu’elle va traverser.

De son côté, Yoo-Jin vient d’arriver dans ce quartier et commence sa première enquête, qui va remettre en question le système scolaire tout entier. Plus les révélations arrivent et plus l’horreur de la situation se dévoile, autant pour elle que pour les spectateurs.

C’est aussi ce que j’ai apprécié dans ce film. On découvre une autre vision de la Corée, plus sombre et cruelle, certes, mais aussi plus réaliste que celle qu’on dépeint dans les dramas. Certes tout n’est pas rose, mais le film propose tout de même des moments plus léger, notamment lorsque SoHee est avec ses amis ou ses sessions de danse, qui joue un rôle pivot d’ailleurs.

Les personnages

Le film est donc éponyme. On suit principalement la jeune Kim Sohee, étudiante dans un lycée de seconde zone. Là-bas, ils n’ont qu’une idée en tête : réussir à trouver un stage dans une entreprise reconnue. La seule autre alternative étant l’usine, aussi bien pour les filles que les garçons. Et c’est ainsi que Kim Sohee, visiblement la meilleure élève de sa classe, parvient à décrocher un stage chez Korea Télécom, une entreprise plutôt connue.

C’est pleine d’espoir qu’elle entame ce stage, dans un centre de télécom. À peine arrivée, elle est accueillie par un superviseur plutôt gentil, mais elle est vite confrontée à la dure réalité du travail : les insultes, l’escroquerie, la manipulation et le système de paie complètement ridicule. Petit à petit, aux fils des scènes, la jeune fille se perd et se noie totalement dans son mal-être.

Les seuls moments d’espoir sont donc ses sessions de danse et ses sorties avec ses amis, mais comme le reste pendant le film, ces moments deviennent de plus en plus rares.

De son côté, Yoo-Jin est une inspectrice de la police nationale, qui se voit envoyée dans un bureau de province pour un petit moment (je ne me souviens plus bien de la raison). Dès son arrivée, on lui confie une enquête en apparence très simple et qui va vite être classée et rangée sous le tapis. Du moins, jusqu’à ce que l’inspectrice revienne sur l’affaire et commence à creuser.

Finalement, c’est de ce personnage qu’on en sait le moins. Sa seule connexion avec Kim Sohee, ce sont les cours de danse, où elles se sont croisées une fois, sans pour autant discuter. Yoo-Jin est un personnage qui incarne, finalement, le spectateur. Le message même du film, c’est à travers elle qu’on le comprend. Et c’est à travers elle aussi qu’on prend cette fameuse claque émotionnelle dont je parlais dans mon avis court sur Instagram.

Le traitement du son

Je ne suis pas une professionnelle du cinéma, ni même une « cinéphile ». Je vais en salle généralement deux à trois fois par an et c’est souvent pour des MARVEL. Donc je ne vais pas analyser la lumière, les plans de caméras, les costumes ou la diction des acteur.ices. Et en règle général, je ne paye pas forcément attention au son, non plus.
Mais dans ce film, c’est ce qui m’a marqué le plus.

Attention, je rentre dans les spoilers !

Dans « About Kim SoHee », il n’y a pas de musique. Les seuls sons qu’on entend dans le film, ce sont les bruits du quotidien. Les voitures qui passent, le brouahah des voix dans l’entreprise de Télécom, les conversations, les chaussures qui frappent le sol et/ou le parquet, le bruit des téléphones qui sonnent etc… Aucune musique ajoutée, aucun élément extra-diégétique (ça se voit que je regarde des critiques de cinéma ? Oups).

Et c’est ce qui rend l’utilisation de la musique d’autant plus impactante. Parce qu’il n’y a que deux fois, dans le film, où on entend de la musique. Un passage qui ne dure que quelques secondes, une minute grand maximum, et qui représente la liberté pour Kim Sohee.
La première fois, c’est lorsqu’elle décide de mettre fin à ses jours et se dirige vers le lac, pour enfin retrouver une certaine liberté.
La deuxième fois, c’est à la fin du film, quand l’inspectrice la regarde danser et sourire, quand elle était encore « libre » du poids et des attentes de la société.

Conclusion

Qu’attendez-vous pour voir ce film ?

Plus sérieusement, « About Kim Sohee » est un film assez cru et émotionnellement très fort, avec une vision assez terne de la Corée. Loin de Séoul, des hauts buildings et des chaebols, on suit ici des étudiants de troisième zone, des familles peu aisées et un système éducatif pourri jusqu’à la moelle, dont le seul objectif est de faire des chiffres.

Vous êtes prévenus, il faut un petit paquet de mouchoir dans la poche pour aller voir ce film et surtout, surtout, quelqu’un avec qui débriefer après. Je pourrais en dire tellement plus, mais je préfère vous laisser découvrir cette pépite en salle.

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