Pop-culture et maladies mentales

Récemment, je suis tombée sur un livre nommé « Pop & Psy : Comment la pop culture nous aide à comprendre les troubles psychiques« . Et le livre commence comme ceci : « la représentation des troubles mentaux est généralement erronée et paradoxale. D’un côté, ils exercent une fascination, des tabloïds aux nombreuses œuvres mettant en scène des troubles psychiques ; de l’autre, ils font peur, et leurs approches artistiques, souvent terrifiantes, sont prises pour argent comptant. Fréquemment abordée, la maladie mentale reste pourtant mal comprise« . Et en le lisant, une idée a germée dans mon esprit : celle d’écrire cet article.

En réalité, j’ai eu l’idée de cet article après mon visionnage du drama coréen It’s Okay Not To Be Okay, qui suit l’histoire de trois personnages ayant chacun leur « handicap« . L’un est autiste, une autre est « prisonnière » de ses traumatismes d’enfance et le dernier s’est tellement effacé pour prendre soin des autres qu’il n’est plus qu’une sorte de coquille vide. Mais à l’époque, je ne savais pas comment aborder mes idées et je trouvais que le visionnage d’une seule série rendait l’article trop maigre. Et puis est arrivée la série estampillée MARVEL Moon Knight et là c’était évident : il fallait que j’écrive cet article. Je voulais montrer l’évolution du regard qu’à la société sur les maladies et handicaps, principalement mentaux. Et la liste des séries à regarder pour écrire cet article était bien longue… Alors je me suis limitée à trois : une de 2020 et deux de 2022.

Disclaimer : J’aurai voulu traiter de trois séries de pays différents, mais je regarde principalement des séries américaines et coréennes, donc j’ai dû faire un choix parmi celles que j’avais regardé. Je vous ai ajouté à la fin de l’article des recommandations de séries de multiples pays pour me faire pardonner !

Corée du Sud, 2020 : It’s Okay Not to be Okay

« It’s okay not to be Okay », c’est l’histoire de trois personnages, chacun atteint d’un « handicap ». L’un est autiste, une autre est « prisonnière » de ses traumatismes d’enfance et le dernier s’est tellement effacé pour prendre soin des autres qu’il n’est plus qu’une sorte de coquille vide.

La série met en avant des personnages, qui doivent vivre avec leurs traumatismes et apprendre à y faire face. Le grand plus, c’est le focus réalisé sur les maladies mentales des patients de l’hôpital psychiatrique dans lequel Gang-tae travaille. Ainsi, que le spectateur soit directement concerné ou non par ces différentes maladies, la série met en exergue certaines d’entre elles. Par exemple, la dépression, le trouble de stress post-traumatique, le trouble dissociatif de l’identité et d’autres par l’intermédiaire des patients.

De mon côté, c’était la première fois que je voyais le sujet traité avec autant de sérieux et c’était en 2020.

Etats-Unis, 2022 : Moon Knight

C’est une évolution positive des studios MARVEL ! C’est la première fois qu’ils mettent à l’écran un personnage avec un handicap et/ou une maladie mentale. Jusqu’alors, ils étaient plutôt connu pour « effacer » le handicap et/ou les maladies mentales de leurs personnages. A l’exception de Daredevil et The Eternals. Notamment sur grand écran avec le personnage de Hawkeye (sourd dans les comics). Ils avaient commencé à parler des maladies/problèmes mentaux dans leur série Falcon & the Winter Soldier, avec la thérapie de Bucky Barnes ou avec les deux passages traitant des crises de panique de Tony Stark dans Iron Man 3, mais ça s’arrêtait là. Avec la série « Moon Knight », ils ont vraiment mis l’accent sur la maladie mentale… Sans vraiment le faire ? Je m’explique.

La série ne met pas vraiment l’accent sur la maladie mentale. Elle s’en sert pour présenter le personnage et créer des retournements de situation inattendue… Mais elle ne met vraiment l’accent dessus que lorsqu’il est nécessaire de donner une explication. Le personnage évolue dans son monde et ne doit donner des explications que quand la société le lui demande. Ainsi, je n’ai pas eu l’impression que la série me mettait sous le nez son handicap pour se « vanter » d’avoir un héros avec un handicap.

D’après des spécialistes, la série représente très bien, mais de façon visuelle, les « switchs ». Ce sont les moments où une personne « change » de personnalité). Bien que Moon Knight exagère certains traits du TDI pour rendre l’expérience visuellement plus claire pour le spectateur, plusieurs de ceux-ci semblent être assez réalistes. Cependant, les spécialistes rappellent que ce type de « promotion » des TDI alimente les controverses et les fausses informations sur les TDI.

Corée du Sud, 2022 : Extraordinary Attorney Woo

C’est la série la plus récente que j’ai pu voir avec un personnage principal atteint d’autisme. C’est ausi la première série coréenne a mettre un personnage autiste comme personnage principal. Extraordinary Attorney Woo a reçu énormément de retours positifs, notamment sur la question des handicaps et sa façon de le mettre en lumière. Selon une étude, seulement 22% des personnes atteintes d’autisme ont un emploi en Corée du Sud. C’est donc une série qui a permis de mettre en lumière cette maladie.

Cependant, il reste encore du chemin à parcourir. Les créateurs de l’émission parlent d’attirer l’attention sur l’autisme en Corée. Mais il y a un sous-entendu assez négatif : le titre avant qu’il ne soit modifié pour le public occidental. Le titre coréen, 이상한 변호사 우영우, se traduit plus précisément par « Weird Lawyer Woo Young-woo ».

Pour autant, la série a su mettre en lumière un aspect de l’autisme et a permis de soulever la question, autant en Corée du Sud que dans le reste du monde, puisque la série a connu un succès international. J’ai pu aussi parler à plusieurs personnes au sujet de la série et les réponses ont été très diverses. Certain.e.s ont beaucoup apprécié cette partie de la série, d’autre ont été mal à l’aise face au personnage principal… Mais dans tous les cas, la série n’a laissé personne indifférent.

Je vous ai demandé votre avis…

« J’ai trouvé très intéressant le parti pris des réalisateurs de nous plonger dans la même confusion que le personnage principal. On sait pas trop où on est, on sait pas trop qui on suit et c’était aussi perturbant que grisant. »

Pauline G., au sujet de Moon Knight

« J’ai eu du mal à accrocher au personnage principal malgré le fait que j’aime beaucoup Oscar Isaac (l’acteur qui l’incarne). Je ne sais pas si [son trouble de la personnalité] c’est réaliste je ne connais personne souffrant de dissociation d’identité. »

Laurence B., au sujet de Moon Knight

« J’étais un chouia déçue parce que, peu importe le pays, j’ai l’impression que les gens se focalisent sur une forme d’autisme précise (celle qui peut être jouée à l’écran) et pas forcément par les autres spectres. Du coup, les interprétations sont pas forcément différentes et parfois singularise l’autisme à juste la forme médiatisée. Ce qui m’a le plus marquée… Je pense que c’est simplement le fait qu’un handicap comme celui-ci puisse être difficile quotidiennement quand il n’y a pas un environnement adapté à la personne, ou quand les personnes inclues dans cet environnement ne sont pas renseignées assez sur comment le rendre plus agréable à la personne. »

Elisa T., au sujet de Extraordinary Attorney Woo

En conclusion

Il est intéressant de voir que les séries sont le meilleur médium pour parler de santé mentale. Et il est plutôt positif de noter une évolution dans la manière d’en parler au fil du temps.
Pour autant, de nombreuses séries continuent de jouer sur les stéréotypes et de surfer sur la vague de « Mental Health Matters » pour créer le buzz.
Les séries sont là pour dire que ces handicaps sont réels et qu’ils existent, c’est ensuite aux spectateurs de s’informer et approfondir le sujet.

Et vous, que pensez-vous de l’évolution de la représentation des maladies mentales et/ou du handicap dans le monde de l’entertainement ?

Sources : « Pop & Psy » de Jean-Victor BlancKatsuu (le blog) –

Des recommandations : « The Recruit » ; « Astrid & Raphaëlle »; « Euphoria »; « Dans ma tête ».

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